« Je prends un premier objet, métallique le plus souvent, mais pas toujours – ça peut être un morceau de bois aussi – usé par le temps, oublié, démoli, qui a perdu son utilité, son sens, mais pour moi inspirant. Je lui trouve un petit air de…, une nouvelle fonction. Il faut avoir une intuition, une vision qui oubli l’objet pour ce qu’il est – une truelle de maçon, un vieux dérailleur de vélo, une clé à molette – et qui devine autre chose, une forme, un mouvement, une inclination… Ensuite, je lui associe un autre objet, pioché dans ma collection – mon capharnaüm, devrais-je dire – puis un autre et un autre encore. Et j’assemble, je soude, je boulonne, je rivette, je « torche à plasma-ise », j’agglutine tout ça. Et ça devient… un oiseau, un animal étrange, un personnage. Amusant, souvent. Emouvant parfois. Inattendu toujours. Des sortes de « revivants » ou de « renaissants ». J’avais d’ailleurs appelé ma première collection, faite de masques, de totems, de visages reconstitués, « Poetic Revivals ». Tout un programme, sachant que cette collection avait été exposée lors d’un congrès de chirurgiens ! Et depuis, je triture, je farfouille, je crée mes personnages, je me laisse couler dans mon monde hybride, un peu déglingué… Mais tellement attachant ! Je ne sais pas si je fais de l’art, je n’ai jamais « appris » l’art (est-ce qu’on peut d’ailleurs apprendre l’art ? Curieuse idée…), je ne sais pas ce qui est de l’art et ce qui n’en est pas, mais je ressens les choses. C’est un besoin. Détourner les objets de leur fonction et les assembler pour créer mon monde poétique imaginaire. C’est impulsif. Ça ne s’explique pas. Ça se fait ».
Voilà comment Hélène HEYBERGER, artiste plasticienne autodidacte, explique son travail. Cela fait des années qu’elle créé mais cela ne fait que 3 ou 4 ans qu’elle accepte de montrer ses œuvres, qui avaient auparavant tendance à s’amonceler dans son atelier, formant ce qu’elle appelle son « bestiaire imaginaire ». Son travail est au croisement des courants artistiques de l’Art Brut (Jean DUBUFFET, 1945) regroupant des artistes sans culture artistique et travaillant à partir de matériaux à priori « non-artistiques » et de l’Assemblage Art, initié au début du 20ème siècle par des artistes tels que CESAR, TATLINE, RAUSCHENBERG ou TINGUELY et qui consiste à associer différents éléments (objets manufacturés, fragments d’objets) fixés entre eux pour se métamorphoser, au sens littéral, en de nouveaux objets insolites.
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